mercredi 15 août 2018, par Fred
Les préparatifs, le contexte et les acteurs à J-1
L’effervescence grandit au Domaine de Pont Ramond 61100 La Chapelle-aux-Moines, en ce samedi après-midi du 2 juin, où nous sommes conviés pour la remise des dossiers et maillots. D’emblée il convient de souligner la qualité de l’accueil des bénévoles de la FFCT et de nos amis du club de Flers de l’Orne, à nos petits soins pour une organisation sans faille et une logistique parfaite, préparée depuis de longs mois. Après un contrôle de l’état des vélos, l’attribution des logements, une réunion d’information sur le déroulement de l’épreuve, les échanges peuvent commencer lors d’un sympathique pot de bienvenue où les langues se délient et les visages se décrispent un peu.
Le maire de la ville de Flers, un adepte du vélo, qui a déjà accueilli une semaine fédérale internationale en 2011, nous honore de sa présence, ainsi que le Président de la ligue de Normandie et le président du Codep de L’Orne. Un dîner servi sur place est propice à créer les premiers liens et un esprit de groupe dont nous aurons bien besoin pour les 3 semaines à venir. Une différence majeure par rapport à la précédente édition de 2016 tient dans la participation réduite, d’un groupe à taille humaine, propice à une plus grande homogénéité et plus facilement gérable en matière d’hébergements. Nous reviendrons d’ailleurs sur ce point en conclusion.
Pour les deux tiers des 34 participants, dont 1 courageuse féminine, qui a vu son bras gauche déplâtré seulement 4 jours avant le départ, c’est un grand saut dans l’inconnu qui nous attend dès le lendemain. En effet une distance de plus de 3200 kms en 21 étapes a de quoi en inquiéter plus d’un. En revanche le tiers qui a déjà réalisé ce défi lors de précédentes éditions semble plus serein, un membre du groupe en étant même à sa 7ème participation.
Un Ukrainien, un Québécois et 32 métropolitains, venus majoritairement de la moitié nord de l’hexagone, (le lieu de départ n’y étant probablement pas étranger) composent ce groupe cosmopolite, allant du Vétérinaire au Commandant de bord, en passant par le professeur de maths, l’agriculteur, l’ingénieur, le boucher, le mécanicien moto, le gérant de patrimoines etc. Une diversité des origines socio-professionnelles qui allait se montrer propice à l’enrichissement des échanges tant sur le vélo qu’en dehors. L’âge des participants s’échelonne de 57 à 77ans, avec une moyenne aux alentours des 65 ans.
En route pour 21 étapes à la découverte de nos belles régions
Après une courte nuit pour certains, qui ont du mal à trouver le sommeil, en ce dimanche matin du 3 juin, nous prenons la destination de la Mairie de Flers pour la photo de famille et le départ officiel donné par Monsieur le Maire. Nous sommes guidés par les cyclos locaux qui nous accompagnent dans la sortie de la ville. Cette première étape de 157 kms à destination de Saint Malo, via le Mont St Michel se déroule à une allure vive (26km/h) sous un soleil radieux et avec un vent favorable. Nos amis cyclos de St Malo, venus à notre rencontre après le déjeuner, nous font traverser Cancale, la pointe du Grouin et visiter la cité malouine, avant de nous conduire à l’auberge de jeunesse, qui est notre centre d’hébergement pour la nuit. Un violent orage s’abat sur la ville pendant le dîner, présage d’une météo moins clémente pour les jours à venir.
Effectivement nous entrons dès cette 2ème étape, qui nous conduit vers Pontivy au terme d’une « ballade » de 178 kms, dans une période d’une huitaine de jours, où nous allons connaître des intempéries quasi quotidiennes, le séchage de nos vêtements devenant notre principale préoccupation. Heureusement des hôteliers bienveillants nous viennent en aide, en mettant à notre disposition des sèches linge. Nous traversons la Bretagne en 3 étapes, puis les Pays de Loire, l’Auvergne, les Monts du Forez, avec des étapes difficiles en particulier la traversée de la Creuse où les montées casse pattes semblent interminables et les descentes bien courtes.
Les organismes commencent à fatiguer mais des groupes de niveau se sont constitués et les épreuves forgent la solidarité et la cohésion. Les détenteurs de GPS viennent en aide aux groupes qui s’appuient uniquement sur leurs road books, pourtant bien détaillés mais également bien détrempés, afin que personne ne s’égare, certains croisements dans la France profonde étant dépourvus de panneaux indicateurs. De même, les problèmes mécaniques sont résolus quotidiennement par l’assistance avec le concours des vélocistes locaux. Heureusement pas de chutes graves, seulement des petits bobos qui sont la aussi soignés par des bénévoles attentionnés.
Un débriefing chaque soir est souvent agrémenté d’un apéritif réparateur, offert parfois par la municipalité de notre point d’hébergement. L’un d’entre eux nous vaut la visite de notre présidente de la FFCT Martine CANO, venue en voisine nous saluer et nous encourager. Les granges et garages ouverts sur notre chemin sont des aubaines, pour nous mettre à l’abri d’averses orageuses violentes agrémentées parfois de vent et de grêle. Nous devons affronter également une baisse notoire des températures en Auvergne qui tétanise les organismes, en particulier dans la descente des cols. Heureusement notre « Paul Bocusse » nous concocte chaque midi des plats chauds qui nous réconfortent et nous requinquent pour reprendre la route et terminer l’étape.
Il convient de noter la qualité, la diversité de ses menus qui font l’unanimité dans le groupe. En règle générale les hébergements sont de bonne qualité et les nuits réparatrices après des étapes longues et exigeantes. Pourtant le plus difficile nous attend avec la vraie montagne, je veux parler du Mont du Chat au-dessus du lac du Bourget où une pente à plus de 10% pendant 12 kms oblige certains d’entre nous à mettre pied à terre, voire à monter les derniers kilomètres à pied, sous un déluge et dans le brouillard. Le lendemain, au programme, une étape de 150 kms avec 4200m D+ par le grand Colombier laisse des traces supplémentaires dans des organismes déjà éprouvés mais le soleil revient et nous ne connaitrons plus la pluie jusqu’à l’arrivée.
Heureusement les organisateurs avaient eu la bonne idée de prévoir une variante allégée avec seulement 2200m D+ qui a fait le bonheur des plus fatigués et surtout moins bons grimpeurs.
La journée de repos à Colmar, après 2 semaines est la bienvenue pour remettre le linge et les valises en ordre, récupérer et faire un peu de tourisme avant d’attaquer la dernière semaine. Un groupe d’une bonne vingtaine consent pourtant à rouler environ 70kms avec les cyclos du club de Colmar, qui leur font visiter les plus beaux villages d’Alsace que sont Riquewihr, Ribeauvillé, Colmar, Kaysersberg et Eguisheim où un repas choucroute nous attend à l’auberge alsacienne.
Pour quitter l’Alsace et sortir des Vosges, nous empruntons le col du Calvaire qui porte bien son nom en cette matinée de reprise. La traversée de la Lorraine, avec ses villages déserts, où il faut attendre 60 kms pour rencontrer un commerce, le passage sur les Champs de bataille de Verdun, l’ossuaire de Douaumont et son cimetière, la route des Dames sont des moments pesants qui nous rappellent des pages tristes de notre histoire. Nous les traversons d’ailleurs avec des vents contraires nous obligeant à avancer par groupe en éventail et en nous relayant pour économiser les forces qui nous restent, car les jambes se font chaque jour un peu plus lourdes.
Ces routes nous ramènent vers la Champagne où la température flirte l’après-midi avec les 35° dans des rampes qui nous font comprendre pourquoi on parle des coteaux champenois et de la montagne de Reims. Mais dès le lendemain, nous quittons Beauvais avec la fraicheur matinale (8°) et l’Oise, puis l’Eure nous accueillent avec 20° de moins mais encore quelques beaux talus en entrant en Normandie, juste après la Roche Guyon et avant de traverser Giverny et les jardins de Monet.
La dernière étape qui nous conduit de Cintray dans L’Eure à Flers, a la particularité de ressembler étrangement à la première en ce qui concerne le profil et les conditions météo avec soleil et vent d’Est favorable, ce qui n’est pas souvent le cas en Normandie où les vents d’Ouest sont dominants. Nous atteignons la mairie de Flers, où une réception nous attend vers 17h15, toujours guidés par les cyclos locaux, venus à notre rencontre à une quarantaine de kms du but. Puis nous rejoignons le Domaine de Pont Ramond pour une soirée festive organisée par le club de Flers avec remise des récompenses lors d’un copieux apéritif.
Un diner de gala, avec animation clot ce périple de la plus belle des manières avant la séquence « des au revoir », où se mêlent la satisfaction de retrouver sa famille et la nostalgie de quitter un groupe, où des liens se sont créés, dans ce défi humain et physique, que les 34 participants ont su relever avec courage et brio.
Conclusion et enseignements sur cette belle aventure
Pour le novice que j’étais dans cette épreuve et pour faire taire les polémiques stériles qui annonçaient sur certains réseaux sociaux un tour de France cyclo au rabais, ce qui aurait pu me faire douter après mon inscription dès juin 2017, je voudrais apporter un témoignage objectif. J’ai participé pendant 3 semaines à une épreuve à l’organisation bien rôdée, où les 6 bénévoles qui nous accompagnaient ont su parfaitement gérer toutes les situations avec un grand professionnalisme, animés du souci permanent que chacun prenne du plaisir selon ses attentes, en ne laissant personne sur le bord de la route et en suscitant un esprit de solidarité auquel les participants ont adhéré.
En conclusion je dirai seulement « Bravo à tous et merci pour ces moments forts qui laisseront de belles images plein la tête ». Vous m’avez tous donné envie de renouveler ce défi.